Le Zeiss Loxia 25mm f2.4 fait partie d’une famille d’objectifs conçus par Zeiss pour la série des boîtiers Sony A7x, plein format 24×26. Cette famille comprend désormais 5 objectifs à focale fixe et mise au point manuelle : 21mm, 25mm, 35mm, 50mm, 85mm.
Formule optique.
La formule optique du type Distagon comprend 2 lentilles de verres dit spéciaux et une lentille asphérique. Cette formule est différente du Biogon ZM 25mm f2.8, optique de conception quasi symétrique dédiée au Leica. Le design de l’optique Loxia est donc adapté au capteur Sony et à l’épaisseur de la « vitre » placée devant le capteur. Les optiques prévues pour les Leica et surtout les grand-angulaires donnent des résultats entachés d’une dominante magenta sur les bords quand ils sont utilisés sur les capteurs Sony en raison de la forte inclinaison des rayons lumineux. Kolarivison aux USA propose une modification de la « vitre » des boîtiers Sony pour ceux qui veulent utiliser leurs optiques Leitz sur ces boîtiers sans avoir ce défaut.
Zeiss a donc choisi une formule du type retrofocus pour éviter cet artéfact, tout en gardant une certaine compacité à l’objectif. Dédié aux appareils Sony, Zeiss a aussi une gamme d’objectifs autofocus, les Batis.
Le Batis 25mm f2 est lui également avec une formule optique du type Distagon, même nombre de lentilles 10 en 8 groupes que le Loxia.
Zooms vs focale fixe
Les zooms transtandard modernes démarrent souvent à cette focale, chez Sony, il existe désormais 4 zooms qui proposent cette focale de départ : 24-70mm f4 OSS SEL, 24-240mm f3.5-6.3 SEL OSS, 24-70 F2.8 GM, 24-105mm f4 G OSS FE. Les zooms transtandards sont toujours des compromis optiques en matière de distorsion, souvent en barillet plus ou moins prononcé en courte focale, en coussinet à la focale la plus longue. Ces distorsions sont maintenant corrigées par logiciel, afin de les minimiser, mais cela suppose une interpolation complète de l’image, comme les corrections ne sont pas linéaires sur l’ensemble de l’image et s’appliquent plus sur les bords et les angles, la perte de définition, si elle n’est pas trop sensible au centre de l’image, peut s’avérer importante sur les bords et surtout dans les angles.
Le 24mm est un peu l’optique de base en photo de paysage. Et en photo de paysage ou d’architecture on peut légitimement vouloir une optique dont le rendu soit le plus homogène possible sur toute la surface de l’image. Une focale fixe sera à cet égard toujours meilleure qu’un zoom.
Les 24mm pour les Sony 24×36
En focale fixe de 24mm pour les boîtiers Sony, l’offre s’est étoffée dernièrement (cet article est écrit en Octobre 2018).
On trouve chez Samyang un 24mm f1.4, optique manuelle « ancienne » qui existait déjà en offre pour d’autres montures (Canon, Nikon) et qui pour Sony n’est proposé qu’en version « Vidéo ».
Samyang a produit récemment un minuscule (93g) 24mm f2.8 AF dont le prix est particulièrement attractif (inférieur à 300 €), des tests semblent montrer que sa compacité se paie par un vignettage extrêmement important.
Sigma propose une version f1.4 pour son 24mm DG HSM ART, il s’agit d’une adaptation de cette optique prévue pour les boîtiers réflex en incorporant à demeure une bague d’adaptation du type MC-11, l’objectif est donc assez encombrant et lourd (environ 700 g), prix autour de 830 €.
Enfin récemment Sony a annoncé le 24mm f1.4 GM, optique haut de gamme qui semble présenter des caractéristiques intéressantes pour un poids contenu (445 g), un prix qui l’est moins, comme toujours dans la gamme GM de Sony : 1600 €. Pour l’instant pas de focale de 24mm chez Voigtlander dédié aux appareils Sony, Cosina vient d’annoncer la sortie d’un 21mm f3.5 d’un encombrement réduit et sans doute prometteur sur le plan qualité.
Chez Zeiss, donc deux objectifs dédiés et proposés, le Batis 25mm f2 et le Loxia 25mm f2.4 au prix quasiment identique de 1300 €.
L’essai du Loxia 25mm f2.4
Pour ce type de focale, et en utilisation principale en photo de paysage, l’autofocus n’est pas, de mon point de vue un critère essentiel et peut même être parfois contre productif, d’où ma tendance à préférer le Loxia. Cette gamme d’optique jouit d’une excellente réputation, notamment le Loxia 21mm est pour certains une optique de référence. J’avais donc envie de tester cette optique dans sa version 25mm. Gentiment, Marcel Sfez de L’INSTANTANÉ, 40 bld Beaumarchais à Paris, m’a prêté un Loxia 25mm f2.4 pour quelques heures, afin que je puisse faire des essais avec mon Sony A7RII.
Prise en mains.
C’est une optique compacte, elle mesure 75mm, mais assez dense 393g, un joint d’étanchéité entoure la monture pour éviter l’introduction de poussières. L’efficacité de ce joint doit être assez probante car le montage de l’optique sur le boîtier demande une main ferme et présente une certaine résistance. Il y a peu de parties fixes sur l’objectif, la bague de mise au point est assez longue, la bague de diaphragme à commande manuelle se trouve à proximité de la monture. Cette absence de partie fixe rend le montage et le démontage de l’optique un peu difficile sur le boîtier, la rotation de l’objectif sur la monture est perturbée par la rotation des bagues de distance et de diaphragme et rend la préhension de l’objectif peu commode.
Mise au point.
La bague de mise au point est douce à manoeuvrer et enclanche automatiquement la loupe dans le viseur ou sur l’écran du boîtier, avec un appui sur une touche de fonction dédiée, on peut obtenir un grossissement encore plus important, on peut aussi activer le focus-peaking sur le boîtier. On peut donc faire la mise au point de manière précise. Personnellement je trouve la course globale trop réduite (90°), surtout dans la zone entre 2m et l’infini, où l’angle de rotation pour passer de 2m à l’infini est vraiment très faible. Comme la bague est particulièrement facile à manoeuvrer de part sa longueur et que la friction est faible, il est (trop) facile de dérégler le point une fois celui-ci fait.
Aucune indication de distance entre 2m et l’infini, ce qui n’est pas exceptionnel sur une focale fixe de ce type, si l’on compare avec des optiques « vintage », mais la profondeur de champ réelle en « pixels » sur un capteur de 42 Mpx est plus réduite que du temps de l’argentique et une graduation plus démultipliée aurait été la bienvenue. Difficile, voire impossible de travailler à l’hyperfocale dans ces conditions…
Curieusement, même si les exifs de l’objectif sont bien transmis au boîtier et mémorisés dans les métadonnées de l’image, il semble qu’au niveau des contacts électriques de communication avec le boîtier, l’objectif ne transmette pas la valeur de la distance au boîtier, l’échelle de distance n’apparait pas dans le viseur, contrairement à ce qui se passe par exemple avec le petit Zeiss FE 35mm f2.8 en utilisation manuelle, c’est dommage, cela aurait pu compenser l’étroitesse de l’échelle de distance de l’objectif.
En effectuant la mise au point, l’objectif reste à la valeur de diaphragme affichée, cela permet d’éviter des problèmes de shift-focus, mais rend la mise au point plus délicate, à contrario, cela permet une visualisation de la profondeur de champ.
Passons à l’essentiel, la qualité optique !
L’objectif montre une homogénéité exemplaire sur l’ensemble du champ.
Excellent au centre dès la pleine ouverture, qui se maintient en allant vers les bords.
Dans les angles extrêmes, à la pleine ouverture, la perte est minime, la qualité augmente dès qu’on ferme le diaphragme pour atteindre un résultat remarquable à f8.
Les photos n’ont pas été faites sur pied pour ce rapide essai, ce qui explique le léger décalage d’une image à l’autre.
La distorsion à l’infini est minime, la correction appliquée par logiciel est assez réduite comme en atteste le comparatif avec / sans, qui met aussi en évidence la correction du vignettage.
En mise au point rapprochée, la distorsion est un peu plus marquée, sans être gênante.
Ici à pleine ouverture.
Sur des photos de ciel blanc, il me semble percevoir dans les angles extrêmes un tout petit résidu de dérive colorée magenta.
Les aberrations chromatiques sont très bien maîtrisées, et si à pleine ouverture, sur des zones de fort contraste, elle ne disparaît pas complètement, elle est négligeable et est réduite dès qu’on ferme un peu le diaphragme.
Les flous d’arrière plan sont agréables, détaillés mais progressifs.
L’angle de champ indiqué est de 81° en diagonale contre 82° pour le Batis 25mm, je n’ai pas fait de comparaison directe mais il me semble que la focale est légèrement plus longue que les 25mm annoncés. J’avais avec moi un 24mm Olympus OM « vintage » et le champ couvert était manifestement plus large. Le Loxia 25mm doit avoir une focale réelle assez proche de 26mm, ce qui finalement, pour ceux qui ont aussi le 21mm n’est pas un mal, cela fait deux optiques avec un écart plus conséquent…
En résumé.
Optique aux qualités optiques superlatives délivrant des images excellentes sur un capteur aussi demandeur que celui du A7RII (ou sans doute que le A7RIII), sa prise en mains demande sans doute une certaine accoutumance, mais c’est une optique faite pour de la photo calme et soignée où l’on prend son temps.
Documents techniques Zeiss
Page du site web de Zeiss concernant cette optique avec fiche technique.