Livre de photographies, autour d’un voyage en 2010, au Québec, dans le New-Hampshire et le Maine au moment du changement de couleur des feuilles.
Introduction
La symphonie des couleurs
L’automne attire un grand nombre de visiteurs en Nouvelle-Angleterre, au Québec et en Ontario, venu admirer « la symphonie des couleurs », le « fall foliage ». Des sites internet spécialisés indiquent l’évolution de la couleur des feuilles suivant les endroits, afin de mieux profiter du « peak ».
Ce paroxysme intervient souvent autour du 12 Octobre, le Columbus Day, qui est aussi la date du Thanksgiving Canadien.
Le mélange de types de feuillus au sein d’une même forêt, donne une variété de couleurs spectaculaires : allant d’un jaune léger, au violet, en passant par toutes les tonalités chaudes du spectre. Ces couleurs se retrouvent à différents endroits, à des moments différents suivant que les arbres se situent en bordure d’un lac, d’une route ou au contraire en pleine forêt.
La latitude, la proximité de la mer et l’altitude jouent un rôle sur le moment de l’évolution des couleurs.
Les montagnes de ces régions sont d’une ère ancienne et l’érosion a fait qu’elles ne sont pas très hautes, avec un relief doux. Cette topographie permet à de multiple types d’arbres d’être présents : érables à sucre, érables rouges, érables argentés, frênes, hêtres, aulnes, bouleaux blancs, bouleaux jaunes, chênes rouges, sumacs, trembles, tupelos (Nyssa sylvatica), pin cherry (prunus pensylvanica)… Les conifères jouent en contrepoint coloré en gardant leur couleur vert sombre, mais il existe même un conifère qui « imite » les autres espèces en jaunissant à l’automne : le tamarack (mélèze laricin).La variété provient également de la forme, de la taille, du stade d’évolution des feuilles.
Sur un même arbre, on peut voir des feuilles encore vertes, d’autres en cours de progression vers le rouge.L’explication scientifique de la modification de la couleur des feuilles atteste que c’est essentiellement le raccourcissement de la durée de la luminosité diurne qui intervient.
La chlorophylle, disparaissant, laisse la place aux autres pigments jaunes contenus (carotène et xanthophylle). Pour les érables, en automne, un afflux de sucre dans les tissus des feuilles provoque une synthèse des éléments colorés (phénols et anthocyanes).
La nature du sol joue un rôle dans la coloration, en milieu acide, les feuilles seront rouge vif, tandis qu’en sol alcalin, elles tendront vers le violet. Il n’y a donc pas de corrélation entre les premières gelées et la couleur des feuilles, contrairement à la croyance populaire.
« A land of many uses »
La variété des types d’arbres dans un même endroit résulte d’un renouvellement naturel depuis des siècles, surtout dans des territoires protégés par des organisations fédérales forestières (National Park, State Park…). Si l’entretien de ces territoires permet de profiter des chemins de randonnées, de pratiquer le kayak, le raft, le VTT, de faire du camping; et en hiver, du ski de fond, des promenades en raquettes ou en scooter des neiges, la forêt est également utilisée largement à des fins industrielles. Il y a donc une juxtaposition de territoires protégés à des fins touristiques et de loisirs et des territoires privés à des fins d’exploitation.
Au-delà de l’utilisation des arbres à sucre pour produire, le sirop d’érable, le bois, au Canada et aux USA est le principal matériau de construction des maisons individuelles. Il reste aussi couramment utilisé pour la fabrication de la pâte à papier. De vastes étendues, dans le nord du Maine notamment, sont la propriété d’importantes entreprises d’exploitation forestière.
Photographie
Lorsque j’ai préparé ce voyage, je me suis vite rendu compte qu’il fallait faire des choix, le territoire est vaste et la période la plus intéressante photographiquement est d’une durée de trois semaines environ.
Je me suis donc finalement focalisé sur quatre régions : les Cantons de l’Est au Québec, les White-Mountains dans le New-Hampshire. Dans le Maine : Acadia National Park, au bord de la mer, et la région du Moosehead Lake, plus au nord, que j’ai eu la chance de pouvoir survoler en hydravion.
Dans les White-Mountains, il existe plus de cent cascades. Si le printemps est réputé être la meilleure saison pour les photographier, les pluies abondantes qui ont précédé mon arrivée avaient bien rempli les cours d’eau, les feuilles mortes mouillées sur les rochers environnants et sur la mousse faisaient comme autant de taches colorées.
Au raz du sol, dans les sous-bois, j’ai croisé des habitants de la forêt, ayant de drôles de formes, vivant souvent en groupe, se nourrissant du pourrissement.
Ni végétaux, ni animaux, ils appartiennent au règne spécifique des Fungi.
Lorsque le soleil éclaire les arbres en léger contre-jour, les feuilles illuminent routes et chemins, comme de gigantesques lampions chinois. Au bord des lacs et étangs, la sensation est double grâce au reflet. Le charme est absolu au petit matin, lorsque l’absence de vent rend la surface de l’eau, lisse comme un miroir, avec une petite brume flottant au-dessus qui rend évanescente la ligne nette de la berge. Les premiers rayons de soleil heurtent le sommet des arbres, révélant les nuances, jusqu’ici invisibles.
Ce moment magique est de courte durée, car la chaleur produite par ces rayons bas du soleil suffira à vite faire disparaître le léger brouillard.
Le chaos de la nature apparaît dans cette variété de couleurs, de formes, surtout lorsqu’on remplit le viseur de l’appareil de cette multiplicité, en laissant le ciel hors du cadre, sans introduction d’une référence d’échelle. Pourtant à l’examen attentif, se dégagent parfois des lignes quasi parallèles, l’éclat des troncs blancs des bouleaux, la forme régulière des conifères, et l’on pressent qu’une organisation existe, sans qu’on puisse vraiment la décrypter.
Les feuilles des érables qui sont en phase de rougissement, vues dans un ensemble, donne un mélange de taches colorées sans logique apparente, mais quand on examine les nervures, un fil d’Ariane révèle le labyrinthe. C’est dans ces fragments que je trouve une inspiration graphique renouvelée, et que j’essaie d’écrire mon palimpseste, comme la nature le fait elle-même.
L’été Indien
L’automne est la saison où intervient le mythique été indien. Sur le plan météorologique moderne, pour mériter cette appellation, les critères sont que les températures diurnes soient de 4 à 6° au-dessus des moyennes saisonnières. Cela pendant au moins trois jours consécutifs, alors que les nuits restent fraîches, et que cette période suive des premières gelées.
Sur le continent Nord Américain, il peut se produire plusieurs « étés indiens » la même année, mais parfois le phénomène ne se produit pas, et quand il a lieu, les dates sont variables.
Ce phénomène climatologique n’est pas une exclusivité du continent Nord Américain, contrairement à ce que Joe Dassin a chanté :
« Une saison qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique.
Là-bas on l’appelle l’été indien. »
Il prend d’autres noms dans différents endroits de l’hémisphère Nord. En France, on parle de « l’été de la Saint-Denis », de « l’été de la Saint-Géraud » ou plus souvent de « l’été de la Saint-Martin ». Les Suédois, dans une légende, parlent de « l’été de la Toussaint », les Anglais l’appellent « l’été de la Saint-Luc », les Allemands « l’été de l’aïeule » et en Europe Centrale c’est « l’été des bonnes femmes ». Les Québécois préfèrent utiliser le terme de « l’été des indiens ». Cette appellation évoque la pratique qu’avaient les tribus indiennes de profiter de ces quelques jours plus cléments pour se déplacer et installer leurs campements d’hiver, pour finir les récoltes et stocker les réserves de nourriture.
Légende indienne (Huronne)
Le Grand Esprit des Indiens avait organisé une course entre les animaux de la forêt : l’Orignal, le Cerf, le Lièvre, le Loup, le Cougar et le Caribou.
L’Ours avait été nommé arbitre de la course.
C’est le Lièvre qui gagna.
Le Cerf arriva deuxième.
Mais le Renard, qui ne participait pas à la course, s’était arrangé pour que le Lièvre gagne, en répartissant des frères du Lièvre le long du parcours. Ainsi ils s’étaient relayés, évitant de se fatiguer.
L’ours n’avait rien remarqué de la supercherie, contrairement au Cerf, qui partit bouder.
L’Ours reprocha au Cerf d’être un mauvais perdant.
Le Cerf, furieux, chargea l’Ours et le blessa avec ses bois.
Le Loup intervint et pris la défense de l’Ours.
Le Cerf s’enfuit, ses bois, dégoulinant du sang de l’Ours, tachèrent les feuilles des arbres à sucre.
Depuis, tous les ans, les feuilles d’érable prennent la couleur de ce premier sang versé sur Terre.
Quelques images du livre
Matériel & Fournisseurs
- Canon 5D, Objectifs Canon EF-L f4 17-40mm, TSE-L 24mm, EF-L IS f4 70-200mm, multiplicateur x 1,4.
- Panasonic GH1, Objectifs Panasonic 7-14mm, 14-140mm, Kern Paillard 50mm f 1,4 (1962) + bagues allonges.
- Pied Giottos, Rotule Acratech, Filtres Cokin série Z, Sac ThinkTank « Airport Antidote ».
- Tente Jamet Newberry 4000 et matériel de camping : Le vieux Campeur.
- Réchaud Coleman vintage au nafta, Bière Molson.
- GPS Garmin, Atlas Delorme, Google Maps – Guides : Ulysse, Michelin, Robert Hitchman : photographamerica.com
- Apple MacPro & MacBook Pro, Iview Média-Pro, Lightroom, Photoshop, Côtes du Ventoux.
Le livre comporte 80 pages.
Il s’agit pour l’instant d’une édition limitée ( impression numérique à l’unité ).
Il existe aussi une version Epub pour Ipad de ce livre.
Les personnes intéressées peuvent me contacter.